Chapelles, églises, œcuménisme, au programme des sorties du "marcher, papoter" ...

Qui ne connait  dans l’Estérel, au Cap Roux, la grotte-chapelle de Saint Honorat ? Honorat ! L’ermite Honorat, c’est lui qui créa l’Abbaye de Lérins sur l’île qui porte son nom ! Mais qui est cet Honorat ? A-t-il était le seul ermite au cap Roux ? Non ! Mais il a été le premier et il fit de l’Estérel un lieu de prédilection pour une vie érémitique.

Pour les premiers chrétiens la persécution était une « voie royale » pour prouver l’immensité de sa foi. En 394, le christianisme devient religion officielle dans l’Empire romain ;  après les persécutions, c’est donc par l’ascétisme et le recueillement d’une vie d’ermite dans un lieu désertique que les plus engagés prouvèrent la profondeur de leur foi, on les appelait « les pères du désert ».

Honorat, né en 370 à Trèves, dans une famille aristocratique et aisée, n’eut de cesse dès son plus jeune âge de prouver que sa destinée était au service du Dieu chrétien et au plus près de lui. A la mort de ses parents, il distribua ses biens aux nécessiteux de sa ville, puis prit le chemin de l’Egypte avec son frère pour y mener une vie d’ascète dans le désert. Mais la mort de son frère et sa propre fragilité de santé le poussèrent à revenir en Gaule. Ordonné prêtre à Fréjus il participa alors à l’évangélisation de la région. Intelligent, doux et joyeux, il savait convaincre. Il connut d’ailleurs  un tel succès qu’il s’en effraya. Au bout de quelques années il demanda à son évêque  la permission de vivre en reclus dans l’Estérel, il choisît  une grotte difficile d’accès dans une paroi du Cap Roux d’où la vue pouvait  rappeler celle  du désert d’Egypte. Il y mena une vie d’ermite pendant quelques années, se nourrissant de baies et de racines, vouant son temps à la prière et au recueillement. Mais sa renommée était telle que les quémandeurs affluèrent, il demanda alors à se retirer sur une des Iles Lérina qu’il apercevait dans la baie derrière sa grotte. Il n’y resta pas longtemps tout seul ! D’autres adeptes à une vie érémitique l’imitèrent aussitôt, à tel point que l’évêque d’Arles, le Primat des Gaules, acheta l’île pour l’Eglise et lui demanda de fonder une abbaye sur cette île.

En 412 l’Abbaye de Lérins est née, le frère Honorat va la diriger avec tant de savoir faire qu’il fut, à son grand regret, promu au siège épiscopal d’Arles en 428, et c’est en Primat des Gaules qu’il va s’éteindre en janvier 430, lui qui n’aspirait qu’à une vie d’ermite dans le désert égyptien !

Sa grotte du Cap Roux fut investie régulièrement par les moines de Lérins venus à tour rôle goûter à la vie érémitique, puis d’autres frères, venus d’ailleurs investirent cet ermitage pour des durées plus ou moins longues :

• Frère Laurent qui éleva des abeilles pour faire des cierges pendant plus de quarante ans
• Frère Clapier, qui parcourait les chemins de l’Estérel sur le dos de sa mule
• Frère Calvy qui cultiva un véritable jardin près de la source
• Frère Truc, pour qui la ville de Saint Raphaël restaura l’ermitage pour le rendre plus confortable
• Frère Sabatier qui construisit une chapelle
• Et quelques autres dont les noms sont oubliés maintenant…

Chacun de ses ermites laissant sa marque dans le paysage, l’ermitage prit alors de l’ampleur au fil des siècles, des constructions pour se protéger, d’autres pour prier, des chemins plus accessibles, une fontaine plus pratique…Mais en 1838, puis en 1854 deux énormes incendies le mirent à mal. C’est seulement en 1991 qu’une restauration de la grotte et la construction des marches et des murets permirent aux fidèles et aux curieux d’accéder à nouveau à la grotte devenue chapelle !

Respectons ce lieu chargé des prières de tous ces hommes venus chercher ici un recueillement si intense qu’ils ne pouvaient l’obtenir nulle part ailleurs.